L'Histoire du Rhum

April 21, 2022

Les origines

Consommé depuis 300 ans, le rhum, une eau-de-vie à base de canne à sucre, à une histoire passionnante : étroitement liée aux divers empires coloniaux français, espagnols et britanniques, le rhum a fait entièrement partie du commerce triangulaire, et a accompagné les marins partout dans le monde !

C’est Christophe Colomb qui importe la canne à sucre dans les Caraïbes, à l’occasion de son second voyage vers le Nouveau Monde, en 1493. Des plants de canne à sucre originaires des Canaries sont replantés sur l’île Hispaniola, que se partage aujourd’hui la République Dominicaine et Haïti.

La culture de la canne à sucre va ensuite s’étendre dans toutes les Caraïbes et dans les Antilles grâce aux Espagnols.

À ce moment-là, on ne parle pas encore de rhum. Mais on se rend très vite compte qu'en distillant les chutes de la production de sucre, on peut faire un spiritueux très fort, qu’on appelle à l'époque le kill devil ou le tafia. Ce sont les colons installés sur les îles des Caraïbes, mais aussi au Mexique et au Brésil, qui ont commencé à boire du rhum.

La boisson était à l’époque réservée aux plus pauvres, ceux qui n'avaient pas les moyens de s'acheter les alcools, spiritueux et vins du continent. Généralement produit et consommé par les esclaves, les occidentaux dans les plantations préféraient importer de l’eau-de-vie de métropole tel que du cognac, plutôt que boire du rhum.


La mondialisation, au service du rhum


Le rhum a joué un rôle dans le commerce triangulaire : produit aux Amériques, il est envoyé en métropole puis vendu contre de la verroterie. Le rhum et la verroterie prennent ensuite la direction de l'Afrique pour être vendus contre des esclaves, qui sont envoyés aux Amériques. À ce moment-là, le rhum ne vaut pas grand-chose et est encore considéré comme l’alcool des pauvres.

C’est en 1642, à la Barbade, que le rhum va prendre son nom. C’est La Mount Gay Distillerie, qui va commencer à le produire son cette appellation. Elle est la plus ancienne distillerie de l’histoire du rhum, et elle est toujours en activité aujourd’hui.

Le rhum va s’exporter les années suivantes hors des colonies et rejoindre les métropoles. Certains pays d’Europe, dont la France, sont inquiets de cette expansion soudaine et vont déstabiliser le commerce du rhum, pour limiter la concurrence sur les marchés de spiritueux nationaux, comme le cognac, l'armagnac ou le calvados.


L’amélioration du rhum grâce au savoir faire Hollandais

C’est à partir du 18e siècle que la qualité du rhum va s’améliorer. Après que les Hollandais soient chassés du Brésil par les Portugais, ils vont décider d’aller s’installer en Guadeloupe et en Martinique. Les Hollandais font faire découvrir leurs savoir-faire aux locaux, ainsi que leurs techniques de raffinage du sucre et leurs méthodes de distillation. Tout cela amène à la production d’un rhum moins fort, plus raffinés, qui se rapproche du rhum que nous buvons aujourd’hui.

D’ailleurs, à partir de ces années-là, les marins de la Marine Royale britanniques auront le droit à une dose journalière de rhum, l’équivalent d’une pinte. La Royal Navy produisait même son propre rhum ! Cette « tradition » prend fin en juillet 1970. C’est notamment pour ça que le rhum est considéré comme l’alcool de pirate, car il faisait très souvent partie des marchandises volées sur les bateaux !

Il faudra attendre le 20e siècle, avec l’émergence des punchs, pour que l’eau-de-vie de canne soit appréciée par le plus grand nombre. Mais c’est finalement au 21e siècle que le rhum est devenu l’un des spiritueux les plus populaires au monde. En France, en particulier, il connaît un succès sans précédent.

Aujourd’hui, la consommation mondiale de rhum représente 17 litres par seconde : c’est plus de 536 000 tonnes de rhum sont bus chaque année dans le monde. Le rhum est au 3e rang de la consommation de spiritueux sur le plan mondial, à égalité avec les liqueurs, mais derrière le whisky.

En France, ce sont plus de 48 millions de bouteilles de rhum qui sont consommées chaque année. (33 millions en Métropole et 15 millions dans les départements français d’Outre-mer).


Le rhum, une multitude de production pour une multitude de saveurs


Les saveurs du rhum varient fondamentalement selon qu’il soit produit à partir de vesou (jus de sucre de canne) ou de mélasse (issue du raffinage du jus de canne, sirop épais et visqueux). Le résultat obtenu par ces méthodes est ensuite mis à fermenter, résultant en un alcool qu’on appelle le vin de canne. Cette étape est primordiale pour définir le profil aromatique du rhum.
Les variations de saveurs proviennent des ingrédients utilisés, mais également des méthodes d’élaboration différentes selon le pays d’origine. Il existe trois appellations différentes :

Le premier, le Ron, est d’origine espagnole. C’est une mélasse distillée dans des alambics à colonne. Généralement plus doux et suave, cela concerne les rhums provenant des pays tel que Cuba (IGP), Puerto Rico, la République Dominicaine, le Venezuela (DOC), ou encore la Colombie et le Guatemala (IGP).

Le Rum lui, est d’origine britannique. C’est une mélasse distillée en alambic à repasse en cuivre. Le Rum à une robe plus sombre, une belle rondeur en bouche et une forte concentration aromatique. On le trouve à la Barbade, aux Bermudes, à Anguilla, en Guyane britannique, mais également en Jamaïque.

Pour finir, le Rhum, est d’origine française : il est produit dans les DOM-TOM à la Martinique (AOC), en Guadeloupe (IGP), en Guyane (IGP). On le retrouve également sur l'Île de la Réunion (IGP) et dans les Antilles françaises (IGP) et peut être classé en deux familles : le rhum Agricole et le rhum Industriel.